« Samuel allait chaque année faire le tour de Béthel, de Guilgal et de Mitspa… »

(1 Samuel 7:15-17 ; Jean 10:1-9)

(écouter l'enregistrement) (voir la vidéo)

Culte du 22 mars 2009 à l'Oratoire du Louvre
prédication du pasteur Marc Pernot

Dans ce texte, nous avons le détail de l'itinéraire de Samuel, un itinéraire bien établi et qu'il suit fidèlement. Chaque année, il fait le tour de Béthel, de Guilgal et de Mitspa, puis il retourne chez lui.

Les étapes de ce voyage font référence à des événements fondateurs de l'histoire du peuple hébreu. Chacun de ces lieux a d'ailleurs explicitement reçu son nom à cette occasion pour rappeler de génération en génération ce qui s’est passé. Ce n’est pas tant l’événement historique qui est ainsi rappelé, mais une façon d’être de Dieu, et donc une espérance pour aujourd’hui, et une façon de vivre pour nous.

La Bible ne nous donne pas l'itinéraire du voyage de Samuel pour nous distraire, mais pour nous proposer de suivre Samuel dans un cheminement de foi et de service qu’évoquent ces différentes étapes. Cette histoire nous propose d'abord de nous mettre régulièrement en route, comme Samuel. C'est le premier point et il est essentiel. Samuel aurait pu rester bien tranquillement, chez lui à Rama. C'est sans doute ce que sa famille, son travail et sa paresse lui demandaient de faire. Mais c’est extrêmement fécond de se bouger un peu régulièrement pour progresser dans sa foi et dans sa façon d’aimer les autres, comme vous l’avez fait ce matin.

Béthel, ou la présence de Dieu, la porte des cieux

La 1ère étape est Béthel : littéralement « la maison de Dieu », ce lieu a été nommé ainsi par Jacob après cette célèbre vision des anges qui montent et descendent vers lui (Genèse 28:16-19). Jacob dit alors : « Certainement, l'Éternel est en ce lieu, et moi, je ne le savais pas ! C'est ici la maison de Dieu, c'est ici la porte des cieux ! ». Il dresse alors une pierre pour en témoigner et rendre un culte à Dieu.

Jacob découvre à cet endroit la présence de Dieu auprès de lui. Il découvre que la prière est possible, que l’on dire à Dieu ce que l’on a sur le cœur, ce que l’on est, ce que l’on pense... que l’on peut recevoir de Dieu une présence et une force, des idées et du cœur.

Samuel connaissait par cœur l'histoire de Jacob à Béthel. La 1e étape de son cheminement consiste à personnellement approfondir personnellement cette expérience de Jacob, celle d'une relation intime avec Dieu. Et comme ce n’est pas toujours facile, il est bon de passer par les pierres dressées par d’autres qui nous ont précédé dans la foi.

Les hommes et les femmes qui ont rencontré Jésus ont témoigné avoir vraiment senti grâce à lui, et même en lui, cette proximité de Dieu, cette présence, cette porte ouverte. Nous le voyons dans l’Évangile selon Jean, cette porte des cieux qu’est le Christ n’est pas seulement une porte pour entrer en relation à Dieu, mais c’est une porte qui marche dans les deux sens : pour entrer et sortir à sa guise, une porte pour entrer en présence de Dieu mais aussi pour sortir vers le monde, vers les autres.

Quand Jésus-Christ nous dit qu’il est cette porte ce n’est pas pour se vanter lui-même mais pour témoigner de son expérience, pour nous dire que cette porte des cieux ce n’est pas l’Église, ni les rites, ni le savoir des théologiens, mais que Dieu est si proche que la porte des cieux est en nous-mêmes. Que nous sommes la porte des cieux pour ce monde, à notre mesure, nous sommes cette porte puisque Dieu est en nous par sa présence active, nous sommes cette porte quand nous faisons avancer les choses, quand nous nous aimons les uns les autres comme Christ nous a aimé. Nous sommes la porte quand nous parlons à Dieu de nos proches et quand nous témoignions de Dieu auprès d’eux.

En passant par notre Béthel, nous faisons étape pour chercher, une fois encore, la présence de Dieu, pour chercher cette porte du Royaume de Dieu qui nous permet d’aller vers lui et d’aller vers les autres dans une grande liberté. Parfois, dans cette recherche, une nouvelle expérience de Dieu se fait sentir, un pas de plus dans notre libération. Mais parfois : rien. Souvent, nous avons cherché Dieu sans avoir l’impression de le rencontrer ou d’avancer tellement.

Dans les deux cas, nous ne  sommes pas passé par Béthel pour rien.

  • Si nous avons pu avancer à cette occasion, marquons cette étape d’une pierre de plus ajoutée à notre mémoire, pour nous aider à témoigner et à rendre un culte à Dieu.
  • Et quand rien ne se passe quand nous cherchons à sentir la présence de Dieu, regardons les anciennes pierres, souvenons-nous du témoignage des autres et de nos propres souvenirs, si possible, et que cela nous porte encore à la louange.

Voici la première expérience que nous propose Samuel.

Guilgal, ou les prodiges que Dieu a fait pour nous libérer

La 2e étape est Guilgal. Cet endroit est connu dans la Bible comme le lieu où les hébreux entrent enfin dans la Terre Promise, traversant miraculeusement le Jourdain à pied sec. Josué construit alors un lieu de culte pour l'Éternel qu'il appelle Guilgal (« la roue »), faite de douze pierres prises par les douze tribus d’Israël au milieu du Jourdain. (Josué 4:21ss)

Qu’est-ce que ça ajoute de passer par Guilgal après être passé par Béthel ?

  • C’est que Béthel évoque la présence de Dieu, la mystique, la tendresse de Dieu qui nous accompagne, la possibilité d’être vis à vis de lui comme avec un ami que l’on va voir en passant pour discuter un peu.
  • Guilgal évoque la force de Dieu, les prodiges qu’il fait pour nous permettre d’avancer, et d’avancer tous ensemble vers la vie supérieure.

Dieu n’est pas qu’une tendre maman, il est aussi une prodigieuse force pour avancer, pour nous libérer.

Dieu n’est pas qu’une demeure, un lieu de repos, il n’est pas qu’une porte qui est à notre service pour entrer et sortir à notre guise, mais Dieu est une roue, il est un moteur pour avancer, une prodigieuse capacité à surmonter des obstacles infranchissables pour nous.

Guilgal nous rappelle aussi que Dieu n’est pas que notre petit Dieu à nous, le Dieu de notre relation directe à Dieu, il est aussi le Dieu qui a pour projet de faire avancer un peuple entier, de libérer et de donner la vie à l’ensemble, et de faire de nous une humanité réunie en un corps. Dans ce domaine, nous avons particulièrement besoin que Dieu opère des miracles car les forces humaines ne suffisent pas. Nos qualités individuelles sont certes merveilleuses mais l’ensemble aurait plutôt tendance à évoluer vers le chaos que vers un corps.

Guilgal est le lieu de la mémoire collective de ce que Dieu a déjà fait pour nous sauver ensemble. Des avancées prodigieuses ont eu lieu dans notre propre histoire, il y a au moins ce qui a été donné en Christ. Comme ce matin, allons de temps en temps visiter cette mémoire pour rendre grâce à Dieu, mais aussi pour bien assimiler le fait qu’il est un Dieu de libérations prodigieuses. C’est une promesse et un appel.

  • C’est une promesse, Dieu est fidèle, aujourd’hui comme hier, il peut ouvrir devant l’humanité des routes nouvelles.
  • Et c’est un appel à espérer ensemble, à s’engager ensemble dans le bon sens, Dieu fera le reste. Bien des obstacles ont déjà été franchis, bien des libérations, bien des retours, des réconciliations, des prises de conscience.

Il est bon, à Guilgal de nous souvenir de ça, de remercier Dieu et de prendre courage. Il est bon à Guilgal de poser aussi, parfois, enfin, notre propre pierre.

Mitspa, ou la vigilance et la confiance en Dieu

Mitspa est la 3e expérience que nous propose le voyage de Samuel. Ce 3e lieu important de l'histoire d'Israël évoque l'alliance que fait Jacob avec son beau-père. Ils dressent un gros tas de pierre sur la frontière entre leurs territoires. La Genèse nous raconte que l'on appelle cet endroit Mitspa, parce que Laban dit à Jacob: «Que l'Éternel veille sur toi et sur moi, quand nous nous serons perdus de vue. »(Genèse 31:49)

Mistspa évoque cette confiance que nous avons en Dieu pour nous protéger de l'ennemi, pour protéger notre terre sainte, c’est-à-dire notre foi et notre personnalité profonde. Nous essayons de défendre notre être contre des ennemis qui s'appellent découragement, égoïsme, manque de foi, paresse, ou colère... et quand les forces humaines sont insuffisantes, nous avons besoin de l’aide de Dieu.

Il est bon d’apprendre à nous défendre contre ce qui peut nous faire régresser. Mais il est également bon de savoir que parfois l'ennemi est trop fort pour nous. Compter sur l'aide de l'Éternel, c'est avoir une saine et clairvoyante humilité.

Mitspa, c’est littéralement « la tour de garde », c'est l’aide de Dieu pour que nous tenions bon grâce à lui, face à l'adversité.

Samuel allait ainsi chaque année faire le tour de Béthel, de Guilgal et de Mitspa, il gouvernait Israël dans tous ces lieux. Puis il revenait à Rama où était sa maison; et là, il gouvernait Israël, et il bâtit un autel à l'Éternel.

Puis Samuel revenait chez lui (à Rama)

Rama ne correspond à aucun grand lieu de l'histoire d'Israël. Après les 3 premiers lieux, c'est un peu surprenant, mais le texte explique pourquoi Samuel passe par cet endroit qui n'évoque rien à personne. La simple et bonne raison qui fait que Samuel retourne à Rama pour y vivre : c'est que c'est là qu’il habite.

L’itinéraire de Samuel nous propose de quitter un instant notre monde pour chercher la présence de Dieu, compter sur son aide, et se placer sous sa garde. Puis il nous propose de revenir à nos affaires en étant un petit peu enrichis, purifiés et transformés.

Il n'y avait pas de lieu de culte à Rama. Quand Samuel revient de son voyage par Béthel, Guilgal et Mistpa, il va y bâtir un autel. Maintenant les choses ont changé pour lui, et il a envie de célébrer l'Éternel au cœur de sa vie quotidienne, pour vivre et témoigner de ce qu'il a reçu à Béthel, Guilgal et Mitspa, en attendant d’y repasser plus tard pour recharger ses batteries.

On peut remarquer aussi que tout au long de cet itinéraire spirituel, Samuel prend le temps de « gouverner Israël », c’est-à-dire d’agir pour les autres. Il ne le fait pas seulement à Rama, mais tout au long de l'itinéraire.

  • Servir les autres comme si l’on était à Béthel, c’est être à notre mesure comme cette pierre dressée par Jacob, le signe d’une présence de Dieu, c’est même parfois être l’ange qui établit un premier contact.
  • Servir les autres comme à Guilgal, c’est rassembler des personnes pour avancer ensemble, avec confiance dans l’aide de Dieu qui ouvrira pour nous des passages, selon sa promesse.
  • Aider les autres comme à Mitspa c’est les encourager à placer notre avenir sous le regard de Dieu pour qu’il nous garde.
  • Gouverner à Rama évoque peut-être un service plus prosaïque, inscrit dans la vie quotidienne des gens, pour faire la paix, pour consoler, soigner, nourrir, enseigner, et organiser le culte...

Samuel avance ainsi vers Dieu, et il avance aussi avec Dieu. Il avance seul, mais il n’avance pas sans les autres.

Que l'Éternel nous bénisse ainsi, et qu’il bénisse chacun.

Amen.

Vous pouvez réagir sur le blog de l'Oratoire

Pasteur dans la chaire de l'Oratoire du Louvre - © France2

Pasteur dans la chaire de
l'Oratoire du Louvre
© France2

Lecture de la Bible

1 Samuel 7:15-17

Samuel fut juge en Israël pendant toute sa vie.

Il allait chaque année faire le tour de Béthel, de Guilgal et de Mitspa, et il jugeait Israël dans tous ces lieux.

Puis il revenait à Rama, où était sa maison; et là il jugeait Israël, et il y bâtit un autel à l’Eternel.

Jean 10:1-9

En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui n’entre pas par la porte dans la bergerie, mais qui y monte par ailleurs, est un voleur et un brigand. 2 Mais celui qui entre par la porte est le berger des brebis. 3 Le portier lui ouvre, et les brebis entendent sa voix; il appelle par leur nom les brebis qui lui appartiennent, et il les conduit dehors.
4 Lorsqu’il a fait sortir toutes ses propres brebis, il marche devant elles; et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix.
5 Elles ne suivront point un étranger; mais elles fuiront loin de lui, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers.
6 Jésus leur dit cette parabole, mais ils ne comprirent pas de quoi il leur parlait.
7 Jésus leur dit encore: En vérité, en vérité, je vous le dis, je suis la porte des brebis.
8 Tous ceux qui sont venus avant moi sont des voleurs et des brigands; mais les brebis ne les ont point écoutés.
9 Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé; il entrera et il sortira, et il trouvera des pâturages.